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45 heures



Les affûts se succèdent un à un. Longs, humides et froids. Parfois le vent souffle, parfois c'est le calme plat. Ici et là chante un oiseau. Un martin passe à toute allure et fini par disparaître derrière une épaisse haie de roseaux. L'hiver est là, mais elle n'en a que faire. Sa vie c'est l'eau, l'eau courante, l'eau glissante et remplie de poissons. Ça fait des heures que je l'attends, elle ne se montre pas. Je reviendrai demain. Le brouillard épais apporte une ambiance étouffée. L'air est figé, le moindre bruit amplifié. Les craquements de branches indiquent une famille de ragondins qui se déplace sur la rive. Les heures passent, toujours pas de nouvelles de l'invisible animal. Pourtant tout est là : empreintes, épreintes et autres signes non trompeurs de sa présence. Tant pis je reviendrai demain. Le lendemain, c'est la même chose, pas une moustache de loutre à la surface de l'eau. Le surlendain et le jour suivant, idem, ça devient une habitude... C'est à la quarante-cinquième heure d'affût cumulée, qu'enfin la loutre se dévoila. Rapide et belle, agile dans son élément. En chasse, plongeant sous l'eau et ressortant quelques dizaines de mètres plus loin. Un spectacle formidablement saisissant !


Loutre d'Europe, Roussillon, France 2017.

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