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Stage - Effervescence sur les cimes

Je retrouve Antoine en milieu de matinée. Sacs remplis pour deux jours, nous démarrons la randonnée qui nous mène rapidement dans un très beau petit refuge en bois qui nous abritera pour la nuit. Le poêle y est efficace et la lumière des bougies chaleureuse. Nous déballons nos affaires pour ne garder que ce dont nous avons besoin pour la soirée. Nous rentrerons certainement de nuit et n'oublions donc pas la lampe frontale.


Nous prenons une sente qui monte raide entre les pins bas, régulièrement battus par les vents. Aujourd'hui le soleil et radieux et il n'y a pas de vent pour nous rafraîchir. Bien que l'automne soit bien avancé et que le givre matinal ait résisté à la demi-journée dans les zones les plus à l'ombre, l'absence de vent rend la relative douceur presque excessive.


Pendant la montée, nous observons aux jumelles nos premiers isards du weekend, bien trop loin pour tenter la moindre image. Deux grands corbeaux nous survolent bruyamment et disparaissent dans les pentes rocailleuses du massif, que le soleil bas de cette fin octobre magnifie.


Grand Corbeau (Corvus corax)

Peu après un grand rapace survole notre position et la chance nous sourit puisqu'il s'agit d'un très bel aigle royal adulte ! La région en accueille un certain nombre mais il est assez peu courant de l'observer si près et si longtemps.


Aigle royal (Aquila chrysaetos)

Nous arrivons sur les crêtes vastes, jaunies par les rayons du soleil de l'été et desséchées par le manque de pluie. Nous observons une grande harde d'isards en contre-bas, que nous laissons tranquille, le dénivelé et notre position ne nous permettant ni le temps, ni la discrétion nécessaire à leur approche.


Les ambiances s'adoucissent. L'après-midi est déjà bien entamé et les lumières fortes laissent place à des teintes miel. Sur un versant lointain nous apercevons un isard solitaire. Point insignifiant dans un paysage minéral gigantesque. Leur milieu de (sur)vie est vraiment peu hospitalier et on s'imagine assez vite la rudesse des hivers glaciaux.


Isard (Rupicapra pyrenaica)

Nous redescendons vers la lisière de la forêt, le soleil descend vite. À notre plus grande surprise quelques cerfs brament encore ! Quelques individus retardataires que nous aurons peut-être la chance d'observer la nuit tombée. Pour l'heure, nous nous installons au niveau d'un petit col et observons les paysages. Un groupe d'isards sort soudain d'un massif de tout petits pins à crochets et monte droit vers la crête. Nous immortalisons leur passage avant de se placer à l'affût face à la forêt en espérant la sortie de quelques cerfs ou biches.


Isards (Rupicapra pyrenaica)
Pipit farlouse (Anthus pratensis)

Le soleil entame sa dernière descente. Plus que quelques minutes et il disparaîtra derrière les massifs espagnols. Positionnés plein est, nous sommes déjà à l'ombre depuis plus d'une heure et deux biches sortent de la forêt. Elles sont suivies quelques minutes plus tard par un cerf, visiblement encore un peu perturbé par cette période des amours. Il ne montrera le bout de ses bois que quelques minutes avant de disparaître à nouveau entre les arbres.


Nous profitons de son départ pour s'allonger dans l'herbe et photographier les biches en train de brouter un peu plus à gauche. Pendant ce temps, un jeune cerf passait derrière nous et pour une raison que je ne saurai expliquer, une sorte d'instinct m'a intimé de me retourner. Dans un mouvement le plus lent possible nous nous retournons pour le photographier avant qu'il ne disparaisse à son tour derrière un petit relief. Sans changer un seul instant de rythme, il disparaitra en quelques seconde pour ne plus réapparaitre. Un instant fugace mais toujours aussi magique !


Cerf élaphe (Cervus elaphus)

Tous hors de notre vue, nous quittons la petite dépression pour observer les derniers rayons du soleil sur les massifs avant d'entamer la descente jusqu'au refuge. La lumière est incroyable. Les sommets sont orange vif !



Après ce coucher de soleil mémorable nous rentrons au refuge. Le chemin est long et rapidement la lumière n'est plus suffisante pour sécuriser nos pas. Nous utilisons nos frontales et arrivons quelques minutes après. Nous avions prévu notre arrivée tardive et le bois coupé avant notre départ du refuge a rapidement rempli le poêle. La température extérieure devant avoisiner les 0°C, la chaleur d'un feu n'était pas de trop !


Après un bon repas chaud, nous sommes rentrés dans nos duvets pour une nuit rendue entrecoupée par la présence de petits campagnols fouillant dans nos affaires !


 

Au petit matin du deuxième jour, après une nuit réparatrice, nous décidons de changer de secteur. Les isards n'étaient pas bien nombreux, la veille, à trotter sur les cimes, et nous choisissons un versant ombragé qui en accueille souvent davantage.


Après une bonne heure de descente et presque autant de montée, nous atteignons le petit cirque que forme la vallée. Nous repérons rapidement les premiers isards sur les crêtes. Après quelques photos de silhouettes, nous décidons de monter un peu pour changer d'ambiances et espérer un peu plus de proximité.



La montée, raide, fatigue. Nous empruntons de petites sentes créées par les pas assurés de ces ongulés agiles. Elles filent en diagonale dans les pentes parsemées de pierriers et de buissons de rhododendrons bas. Sur le chemin, nous nous arrêtons à la venue de deux beaux mâles se jaugeant un peu. Le grand massif ou le ciel en arrière plan constitue un paysage incroyable pour la prise de vue !



Finalement, nous parvenons à atteindre les zones moins pentues, touchées enfin par la lumière du soleil. Après quelques minutes seulement, nous repérons la présence de deux hardes différentes, à peu de distance l'une de l'autre. Nous avons l'embarras du choix pour les photos ! Nous décidons de nous maintenir à distance et d'observer simultanément les deux groupes. L'un en contre-bas, entre ombre et lumière directe, et l'autre au-dessus de nous, noyés dans la fantastique lumière du soleil à contre-jour.


Les opportunités photographiques sont nombreuses. Un isard passe à quelques mètres en dessous de notre position, tandis qu'un petit groupe se détache sur les crêtes au milieu des herbes jaunes et dans une lumière d'or. Nous prenons le temps de composer des images originales.


Après de formidables minutes de prises de vue, nous décidons de rester où nous sommes pour manger. Pendant notre repas nous profiterons peut-être de quelques nouveaux passages !


Après seulement quelques minutes un isard nous passe devant. Puis c'est au tour de deux autres, que nous avions repéré plus tôt, de s'allonger non loin pour faire une petite sieste !



L'après-midi est entamée, il faut bientôt songer à quitter les lieux. Nous rangeons nos affaires et prenons encore quelques images des deux isards assoupis. Puis nous entamons la descente. Nous prenons notre temps, la pente est raide. Plus bas, le long du torrent, nous observons furtivement un cincle plongeur. Puis près de la voiture, comme dernier clin d’œil à cette échappée sauvage, une mésange huppée se donnera en spectacle quelques minutes, jouant dans les branches basses d'un pin à crochets.


Encore un weekend d'émerveillement à observer la nature !


 

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